Je
me suis lancée en Photo par envie de créer quelque chose qui me
plaisait esthétiquement avec mes ami·es, en leur tirant le
portrait. J'adorais réfléchir à des mises en scène, au stylisme,
au maquillage et à la coiffure de mes modèles. Vous l'aurez sans
doute remarqué, je réalise très souvent des autoportraits. En
vérité, j'estime que c'est une partie intégrante de mon travail et
j'ai eu envie aujourd'hui de vous expliquer pourquoi est-ce que je me
prends souvent en photo. Ce billet sera donc ponctué de ces
différents autoportraits, je vous préviens : il va y avoir du
déterrage de dossier et ce dans un ordre complètement aléatoire, parce que je fais bien ce que je veux.
Les
autoportraits ont commencé quasiment en même temps que mes
shootings derrière l'appareil, bien avant que je n'ose même
imaginer poser pour un·e photographe. Au risque d'en décevoir
certain·es, je pense très sincèrement que les premières fois où
j'ai lancé le retardateur c'était pour me faire une nouvelle photo
de profil Facebook. C'est peu palpitant, c'est pas un storytelling
qui fait rêver, mais c'est pourtant la réalité.
La bonne signature dégueulasse dans le coin en haut à gauche, tout ce qu'on aime
Si
cette première motivation était d'ordre purement superficiel, il
fallait bien avouer que j'ai fini par me prendre au jeu de cet
exercice différent, pour pouvoir multiplier les possibilités de
création. Pas de contrainte de devoir collaborer avec un·e modèle,
dans le sens où si l'envie me prenait de faire une photo à 3 heures
du matin, je pouvais le faire – même si je ne le faisais jamais
car la nuit JE DORS EH OUI.
Je
m'amusais beaucoup à imaginer de nouvelles choses, surprendre les
quelques personnes qui suivaient mon travail et surtout mes ami·es.
Je me déguisais, je testais des poses pour de futures photos avec
mes modèles, j'étais tour à tour Lara Croft, Esmeralda, la Reine
de Blanche-Neige... Je n'ai jamais vraiment intériorisé cette
pratique qui me paraissait naturelle, non pas que je me disais être
faite pour être devant l'objectif, loin de là, mais plus parce que
le principe de soi-même se prêter au jeu de la pose me paraissait
indispensable pour saisir ce qu'il se passait dans la tête des
modèles (ce que j'ai enfin réussi à mieux comprendre à partir du
moment où j'ai posé devant un·e autre photographe que moi,
l'important étant la communication, difficile de se rendre compte
des choses quand on est seul·e à seul·e...).
C'est
en fait il y a quelques années seulement que j'ai compris à quel
point la pratique de l'autoportrait m'avait aidée à me
construire... Ou plutôt m'avait empêchée de me détruire. Comme je
le disais dans la vidéo Cher Corps de Léa Bordier à laquelle j'ai participé, en soi, je n'ai pas eu et je n'ai pas vraiment de
problème avec mon corps. Bien sûr, il y a des moments où je ne me
sens pas bien, où je ne me sens pas belle mais pour être honnête,
je me suis toujours dit que mon corps était tel qu'il était et que
je devais l'accepter comme ça. Pas en l'appréciant
particulièrement, pas en lui vouant un culte, non. Juste que j'avais
ce que j'avais et qu'il fallait que je m'en contente. Que j'étais
bien assez chanceuse de ne pas souffrir d'un handicap physique et que
donc je n'avais pas le droit de me plaindre (ce qui est faux
finalement, puisqu'on a tous et toutes le droit de se sentir bien ou
mal dans sa peau). Certes, ma relation à mon corps n'est pas
toujours apaisée, pas toujours saine, il n'empêche que globalement
je suis plutôt « ok » avec.
Si
j'en suis arrivée à un tel état d'esprit vis-à-vis de l'image que
j'ai de mon corps, c'est je pense en grande partie des autoportraits
(et des discours que j'entendais autour de moi). La mise en scène et
ma volonté de créer quelque chose de nouveau m'ont permis de passer
outre les complexes que j'ai pu avoir. Je me souviens, en y
repensant, que l'important pour moi n'était pas de me trouver jolie
sur une photo, mais seulement d'arriver à créer l'esthétique que
je visualisais dans ma tête. Le résultat était mon seul but, peu
importe l'amas de chair qui se trouvait au centre de la photo. Ça ne
m'intéressait pas de savoir si je me sentais belle le jour où je
décidais d'enlever le cache de mon objectif, non. Le seul critère
était l'envie de créer (et la fatigue – non parce que sans
déconner poser c'est quand même archi crevant).
Ce
qui me fait doucement rire, c'est que lorsque je trouve l'un de mes
autoportraits mauvais, ce n'est pratiquement jamais à cause de ma
tête, mais surtout à cause d'erreurs de gestion technique. Je ne
suis pas non plus en train de vous dire que je me trouve
exceptionnelle sur chaque photo, mais simplement que cet aspect
technique prend largement le pas sur mon opinion vis-à-vis de mon
faciès.
Si
j'ai mis du temps à comprendre pourquoi les autoportraits étaient
quelque chose de bénéfique, je ne peux vous conseiller de vous y
mettre. Pour être à l'aise avec son image, pour s'exercer quand on
veut devenir modèle, pour créer de nouvelles choses à 3 heures du
matin après avoir eu un éclair de génie en regardant une vidéo
sur YouTube, j'en sais rien.
Toujours
est-il que je ne peux vous encourager à multiplier les moyens de
vous accepter, tel que vous êtes. Ça ne pourra que vous être
bénéfique.
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