mardi 18 décembre 2018

Se prendre en photo soi-même – Pourquoi faire des autoportraits ?


Je me suis lancée en Photo par envie de créer quelque chose qui me plaisait esthétiquement avec mes ami·es, en leur tirant le portrait. J'adorais réfléchir à des mises en scène, au stylisme, au maquillage et à la coiffure de mes modèles. Vous l'aurez sans doute remarqué, je réalise très souvent des autoportraits. En vérité, j'estime que c'est une partie intégrante de mon travail et j'ai eu envie aujourd'hui de vous expliquer pourquoi est-ce que je me prends souvent en photo. Ce billet sera donc ponctué de ces différents autoportraits, je vous préviens : il va y avoir du déterrage de dossier et ce dans un ordre complètement aléatoire, parce que je fais bien ce que je veux.


Les autoportraits ont commencé quasiment en même temps que mes shootings derrière l'appareil, bien avant que je n'ose même imaginer poser pour un·e photographe. Au risque d'en décevoir certain·es, je pense très sincèrement que les premières fois où j'ai lancé le retardateur c'était pour me faire une nouvelle photo de profil Facebook. C'est peu palpitant, c'est pas un storytelling qui fait rêver, mais c'est pourtant la réalité.

La bonne signature dégueulasse dans le coin en haut à gauche, tout ce qu'on aime

Si cette première motivation était d'ordre purement superficiel, il fallait bien avouer que j'ai fini par me prendre au jeu de cet exercice différent, pour pouvoir multiplier les possibilités de création. Pas de contrainte de devoir collaborer avec un·e modèle, dans le sens où si l'envie me prenait de faire une photo à 3 heures du matin, je pouvais le faire – même si je ne le faisais jamais car la nuit JE DORS EH OUI.


Je m'amusais beaucoup à imaginer de nouvelles choses, surprendre les quelques personnes qui suivaient mon travail et surtout mes ami·es. Je me déguisais, je testais des poses pour de futures photos avec mes modèles, j'étais tour à tour Lara Croft, Esmeralda, la Reine de Blanche-Neige... Je n'ai jamais vraiment intériorisé cette pratique qui me paraissait naturelle, non pas que je me disais être faite pour être devant l'objectif, loin de là, mais plus parce que le principe de soi-même se prêter au jeu de la pose me paraissait indispensable pour saisir ce qu'il se passait dans la tête des modèles (ce que j'ai enfin réussi à mieux comprendre à partir du moment où j'ai posé devant un·e autre photographe que moi, l'important étant la communication, difficile de se rendre compte des choses quand on est seul·e à seul·e...).


C'est en fait il y a quelques années seulement que j'ai compris à quel point la pratique de l'autoportrait m'avait aidée à me construire... Ou plutôt m'avait empêchée de me détruire. Comme je le disais dans la vidéo Cher Corps de Léa Bordier à laquelle j'ai participé, en soi, je n'ai pas eu et je n'ai pas vraiment de problème avec mon corps. Bien sûr, il y a des moments où je ne me sens pas bien, où je ne me sens pas belle mais pour être honnête, je me suis toujours dit que mon corps était tel qu'il était et que je devais l'accepter comme ça. Pas en l'appréciant particulièrement, pas en lui vouant un culte, non. Juste que j'avais ce que j'avais et qu'il fallait que je m'en contente. Que j'étais bien assez chanceuse de ne pas souffrir d'un handicap physique et que donc je n'avais pas le droit de me plaindre (ce qui est faux finalement, puisqu'on a tous et toutes le droit de se sentir bien ou mal dans sa peau). Certes, ma relation à mon corps n'est pas toujours apaisée, pas toujours saine, il n'empêche que globalement je suis plutôt « ok » avec.


Si j'en suis arrivée à un tel état d'esprit vis-à-vis de l'image que j'ai de mon corps, c'est je pense en grande partie des autoportraits (et des discours que j'entendais autour de moi). La mise en scène et ma volonté de créer quelque chose de nouveau m'ont permis de passer outre les complexes que j'ai pu avoir. Je me souviens, en y repensant, que l'important pour moi n'était pas de me trouver jolie sur une photo, mais seulement d'arriver à créer l'esthétique que je visualisais dans ma tête. Le résultat était mon seul but, peu importe l'amas de chair qui se trouvait au centre de la photo. Ça ne m'intéressait pas de savoir si je me sentais belle le jour où je décidais d'enlever le cache de mon objectif, non. Le seul critère était l'envie de créer (et la fatigue – non parce que sans déconner poser c'est quand même archi crevant).


Ce qui me fait doucement rire, c'est que lorsque je trouve l'un de mes autoportraits mauvais, ce n'est pratiquement jamais à cause de ma tête, mais surtout à cause d'erreurs de gestion technique. Je ne suis pas non plus en train de vous dire que je me trouve exceptionnelle sur chaque photo, mais simplement que cet aspect technique prend largement le pas sur mon opinion vis-à-vis de mon faciès.


Si j'ai mis du temps à comprendre pourquoi les autoportraits étaient quelque chose de bénéfique, je ne peux vous conseiller de vous y mettre. Pour être à l'aise avec son image, pour s'exercer quand on veut devenir modèle, pour créer de nouvelles choses à 3 heures du matin après avoir eu un éclair de génie en regardant une vidéo sur YouTube, j'en sais rien.


Toujours est-il que je ne peux vous encourager à multiplier les moyens de vous accepter, tel que vous êtes. Ça ne pourra que vous être bénéfique.


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