mardi 5 février 2019

Memes et streaming – La culture web nous a-t-elle rendu•es bilingues en anglais ?

J'ai toujours entendu dire, année après année, que les français·es formaient la population parlant le moins bien anglais de toute l'Union Européenne. Tout ça à coup de reportages télévisés, d'études, de témoignages ou encore de sketchs visant à moquer notre accent (à tort ou à raison, à vous d'en décider).



Pour autant, je me demande si ce cliché ne tend pas à disparaître grâce aux réseaux sociaux.


On le sait, l'arrivée d'Internet nous a, quelque part, obligés à avoir quelques notions d'anglais face au champ des possibles qui s'ouvrait devant nous aux vues des innombrables sources d'informations qui nous inondaient chaque jour.





Mais je m'interroge plus spécifiquement quant à l'utilisation des réseaux sociaux par les jeunes (je dis "jeunes" comme si je n'étais pas concernée alors que je suis frappée de plein fouet par ce phénomène, ha). Est-ce que finalement la culture web n'a pas fait de nous de parfaits bilingues (ou presque) ?

Un de mes petits talents perso


L'heure étant à la surconsommation d'informations, quelles qu'elles soient, il est évident qu'il y a un terreau propice à nos progrès en anglais. On allait sur 9gag, 4chan et Reddit, on s'exprimait par des memes (où il y avait cette affreuse police Impact en majuscule de part et d'autres de l'image - dieu merci on a fini par se sortir de cette phase). L'idée d'être toujours au courant de tout et surtout des dernières nouveautés nous a poussé à ingérer du contenu anglophone et donc à faire des progrès en anglais.

Même si on regardait souvent des vidéos de chats


Je me souviens quand mes profs de collège et lycée nous incitaient à regarder des films et des séries en anglais, chose que je ne faisais pas forcément à l'époque. Du moins toujours en VOSTFR, pas seulement en VO. Mes progrès se sont vite arrêtés et j'ai été vite limitée dans mes connaissances. D'autant plus que certaines vannes sont souvent mal traduites, et personnellement je déteste passer à côté d'une bonne blague (surtout parce que j'aime le lol, c'est important).


Depuis que je suis majeure et que je me suis plongée encore plus intensément dans la culture web, je me rends compte de mes facilités à comprendre les contenus anglophones. Et je sais pertinemment que je ne suis pas la seule. Qui n'a jamais regardé de série uniquement en VO par impatience d'attendre la VOSTFR ou par peur de se faire spoiler ? Déjà tous.tes les fans de Game of Throne peuvent baisser la main, vous êtes clairement concerné·es.

Les fans de GoT tous les lundis matin (moi compris)

Au risque de paraître snob, j'ai toujours trouvé les memes beaucoup plus drôles en anglais que ceux en français. Rapport à la difficulté de traduire les vannes dont je parlais plus haut mais aussi parce que, comme pour chaque langue, il est parfois délicat d'exprimer exactement la même idée d'une langue à une autre.

Le flux d'informations que nous apportent les réseaux sociaux paraît bien trop important pour que nous nous laissions circonscrire dans un contenu purement francophone.


Sans compter les utilisateur·ices de YouTube qui voient forcément dans le paysage français une qualité de contenu moindre vis-à-vis du reste du monde. Je ne partage plus vraiment cet avis puisque notre contenu tend à se diversifier et se professionnaliser mais il est vrai que d'une manière générale, le YouTube Français a mis plus de temps à se construire ce qui est tout à fait normal puisque YouTube est une entreprise américaine. Et bien évidemment parce que l'anglais a longtemps été la langue la plus parlée dans le monde (je me demande si c'est toujours le cas d'ailleurs).

Concernant le marché de l'emploi, j'ai bien conscience qu'il a joué un rôle dans nos progrès en anglais mais je reste persuadée que ce n'est pas la raison majeure qui nous a poussé à apprendre. Je ne minimise absolument pas l'importance de l'anglais dans le monde du travail, loin de là, c'est un minimum requis dans la majorité des offres proposées mais pour autant je ne crois pas que notre génération se soit mise à travailler l'anglais dans l'unique but de trouver un travail. Tout simplement parce que les circonstances que j'ai décrites ont fait que nous nous sommes amélioré·es de nous-même.

Ce gif n'a rien à voir mais je le trouve parfait et je voulais pas que vous passiez à côté de ça

L'apprentissage forcé devient vite pénible quand on n'a pas le goût de se mettre à la chose. C'est un fait, notre détermination et notre sincérité peut rendre la tâche bien plus simple. C'est ce qui explique pourquoi j'ai aimé lire des classiques que beaucoup de gens de mon âge n'avaient pas aimé comme l'Assommoir: contrairement à mon cercle d'ami·es, ce n'était pas un.e prof qui m'avait imposé de lire ce livre. Je l'ai fait de moi-même et j'ai donc mieux apprécié cette œuvre.

C'est une évidence qui je pense se transpose volontiers à notre apprentissage de l'anglais. Beaucoup de mes potes m'ont dit avoir plus appris l'anglais en regardant des séries ou des films plutôt qu'en cours. J'imagine d'ailleurs que le fait de ne pas conscientiser cet apprentissage a facilité les choses, comme quand nos parents dessinaient des visages avec des légumes pour rendre ça plus attractif (j'avoue encore le faire dans mes propres assiettes parce que franchement rien ne surpassera jamais les pâtes et les nouilles, JAMAIS).


Attention toutefois, je ne dénigre en aucun cas le travail des profs qui a pourtant été essentiel pour apprendre les bases grammaticales mais l'envie d'en savoir plus pour ne plus se contenter des seuls médias français a joué un rôle fondamental dans cet apprentissage.

Malgré tout le mal qu'a pu engendrer la mondialisation, je ne peux pas lui retirer ce bon point qui nous a globalement fait du bien. Mais du coup je m'interroge : est-ce que le cliché des français·es parlant mal anglais a toujours lieu d'être ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire