J'aime
le fromage. J'aime le fromage et pourtant ce n'est pas un article qui
va parler de ma passion pour le fromage, non.
Eh non, partez pas !
Si
je vous dit que j'aime le fromage, c'est parce que la plupart de mes
potes vous diront ça de moi, si vous leur demandez de décrire ma
personnalité. Avant mes qualités, avant mes défauts, d'abord :
elle aime le fromage. C'est comme ça, je leur en veux pas et je sais
que c'est plutôt dans l'idée de faire rire. Pour autant, ça m'a
conduit à de véritable questionnements sur ma personnalité et la
façon dont j'ai pu la construire.
« Ah
toi t'es le/la rigolo·te de la bande ! ». C'est une
phrase qui vous est familière, n'est-ce pas ? Qu'importe
qu'elle vous ait été directement adressée ou qu'elle désigne
l'un·e de vos ami·es, c'est le genre de réplique qu'on entend au
moins une fois dans sa vie.
Je
pensais que le regard des autres m'importait peu. C'est faux. Le
regard des autres m'importe peu, certes. Mais seulement quand il est
négatif et pas du tout construit. En revanche, lorsque quelqu'un va
faire une remarque positive sur moi, je vais avoir tendance à
accentuer la chose, parce que je suis contente, histoire de continuer
dans cette voie (aussi parce que j'ai très clairement le syndrome de
la bonne élève).
S'efforcer
d'être une meilleure personne chaque jour, c'est bien (d'ailleurs je
sais pas vous mais moi la série Le
Caméléon m'a toujours donné
l'envie de faire le bien autour de moi et j'arrive pas à m'expliquer
pourquoi Jarod me fait cet effet mais on en parlera un autre jour si
vous permettez parce que là c'est pas le sujet). Mais ça peut poser
problème lorsqu'on parle d'un trait de caractère qui n'est pas
forcément bénéfique pour vous.
Il
y a environ 8 ans, une partie de mon entourage a commencé à
m'identifier comme quelqu'un qui aimait manger, beaucoup manger.
J'imagine que c'est parti de ma passion désormais révolue pour les
buffets à volonté des restaurants japonais, encouragé par l'effet
de groupe entre potes avec lesquels on s’engrenait à consommer un
maximum de nourriture sans que cela ait trop de sens si ce n'est en
avoir pour son argent, parce qu'on était au lycée et qu'on avait la
chance de ne pas avoir de problème grave dans la vie.
En
vrai et de base je ne suis pas quelqu'un qui aime vraiment manger. Si
on demande à mes parents, ils vont diront que j'ai été très
difficile au niveau de l'alimentation jusqu'à récemment et très
honnêtement je ne mangeais pas grand chose étant petite (mais
suffisamment), ce qui heureusement n'est pas allé jusqu'à avoir des
troubles de la santé. Du coup, ils ont été plutôt surpris quand
il y a 5/6 ans je leur ai appris que j'étais « connue »
parmi mes potes pour être le glouton de service.
Il
y a un moment de ma vie où j'imagine avoir donné du crédit à celles et
ceux qui me félicitaient pour mes capacités d'absorption
(comprenez : j'avais le sac d'Hermione Granger à la place du
bide) et depuis, j'ai développé un sale rapport avec la nourriture. Et surtout, j'en ai beaucoup joué parce que ça me faisait plaisir d'être identifiée comme tel, peut être parce que j'avais l'impression de m'être fait « une place » bien définie.
La
nourriture est devenu mon refuge, toute émotion confondue. Ce qui
fait que j'ai désormais du mal à manger sainement plus d'une
semaine. Je passe une sale journée ? Pas grave, je vais manger
un plat que je trouve bon le soir ! J'ai eu une super nouvelle ?
Je fête ça avec mon plat préféré ! Et vous vous doutez que
ce sont rarement des choses bonnes pour la santé (enfin si, il peut
y avoir des légumes mais c'est généralement ruiné par les sauces
pas-0%-pour-un-sou qui inondent mes plats – je pense à toi, pad
thaï aux légumes du Thaï House).
Quand j'ai raté un oral que j'avais pourtant révisé à fond
Je
ne pense pas que mon cas soit isolé. J'ai par exemple une
connaissance qui a malheureusement eu des problèmes avec l'alcool et
je reste persuadée qu'elle en a eu parce qu'elle était perçue
comme quelqu'un ayant la capacité boire beaucoup avant d'être ivre
et qui donc a été encouragée par ses potes en ce sens.
Comprendre
ça, avoir cette réflexion, a été un vrai choc pour moi. Non pas
parce que j'ai un problème évident avec la nourriture mais surtout
parce que je pensais que le regard d'autrui me passait au dessus. Je
me suis tellement focalisée sur le fait de ne pas écouter les
critiques négatives que j'en ai oublié le reste en me pliant en
quatre pour « plaire » aux personnes qui me faisaient des
compliments. C'est insensé et pourtant vrai car je n'avais pas
conscience de ce que je faisais. Et ça a pourtant eu un effet
néfaste sur ma vie, preuve en est.
Alors
bien sûr, je ne remets pas la faute sur mon entourage, parce que ça
serait l'attaquer gratuitement pour quelque chose dont il n'est pas
responsable en soi. Je dis juste que ça a pu ouvrir la brèche sur
des affaires qui vont être difficiles à régler sans l'aide d'un·e
professionnel·le de santé.
Mais
du coup je me demandais si j'étais la seule à percevoir cet effet
de groupe ? Si vous avez vous-même été touché·e par ce
phénomène ?
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