mardi 5 mars 2019

J'aime le fromage – Être conditionné·e par son entourage


J'aime le fromage. J'aime le fromage et pourtant ce n'est pas un article qui va parler de ma passion pour le fromage, non.

Eh non, partez pas !


Si je vous dit que j'aime le fromage, c'est parce que la plupart de mes potes vous diront ça de moi, si vous leur demandez de décrire ma personnalité. Avant mes qualités, avant mes défauts, d'abord : elle aime le fromage. C'est comme ça, je leur en veux pas et je sais que c'est plutôt dans l'idée de faire rire. Pour autant, ça m'a conduit à de véritable questionnements sur ma personnalité et la façon dont j'ai pu la construire.

« Ah toi t'es le/la rigolo·te de la bande ! ». C'est une phrase qui vous est familière, n'est-ce pas ? Qu'importe qu'elle vous ait été directement adressée ou qu'elle désigne l'un·e de vos ami·es, c'est le genre de réplique qu'on entend au moins une fois dans sa vie.


Je pensais que le regard des autres m'importait peu. C'est faux. Le regard des autres m'importe peu, certes. Mais seulement quand il est négatif et pas du tout construit. En revanche, lorsque quelqu'un va faire une remarque positive sur moi, je vais avoir tendance à accentuer la chose, parce que je suis contente, histoire de continuer dans cette voie (aussi parce que j'ai très clairement le syndrome de la bonne élève).

S'efforcer d'être une meilleure personne chaque jour, c'est bien (d'ailleurs je sais pas vous mais moi la série Le Caméléon m'a toujours donné l'envie de faire le bien autour de moi et j'arrive pas à m'expliquer pourquoi Jarod me fait cet effet mais on en parlera un autre jour si vous permettez parce que là c'est pas le sujet). Mais ça peut poser problème lorsqu'on parle d'un trait de caractère qui n'est pas forcément bénéfique pour vous.

Il y a environ 8 ans, une partie de mon entourage a commencé à m'identifier comme quelqu'un qui aimait manger, beaucoup manger. J'imagine que c'est parti de ma passion désormais révolue pour les buffets à volonté des restaurants japonais, encouragé par l'effet de groupe entre potes avec lesquels on s’engrenait à consommer un maximum de nourriture sans que cela ait trop de sens si ce n'est en avoir pour son argent, parce qu'on était au lycée et qu'on avait la chance de ne pas avoir de problème grave dans la vie.


En vrai et de base je ne suis pas quelqu'un qui aime vraiment manger. Si on demande à mes parents, ils vont diront que j'ai été très difficile au niveau de l'alimentation jusqu'à récemment et très honnêtement je ne mangeais pas grand chose étant petite (mais suffisamment), ce qui heureusement n'est pas allé jusqu'à avoir des troubles de la santé. Du coup, ils ont été plutôt surpris quand il y a 5/6 ans je leur ai appris que j'étais « connue » parmi mes potes pour être le glouton de service.

Il y a un moment de ma vie où j'imagine avoir donné du crédit à celles et ceux qui me félicitaient pour mes capacités d'absorption (comprenez : j'avais le sac d'Hermione Granger à la place du bide) et depuis, j'ai développé un sale rapport avec la nourriture. Et surtout, j'en ai beaucoup joué parce que ça me faisait plaisir d'être identifiée comme tel, peut être parce que j'avais l'impression de m'être fait « une place » bien définie.


La nourriture est devenu mon refuge, toute émotion confondue. Ce qui fait que j'ai désormais du mal à manger sainement plus d'une semaine. Je passe une sale journée ? Pas grave, je vais manger un plat que je trouve bon le soir ! J'ai eu une super nouvelle ? Je fête ça avec mon plat préféré ! Et vous vous doutez que ce sont rarement des choses bonnes pour la santé (enfin si, il peut y avoir des légumes mais c'est généralement ruiné par les sauces pas-0%-pour-un-sou qui inondent mes plats – je pense à toi, pad thaï aux légumes du Thaï House).

Quand j'ai raté un oral que j'avais pourtant révisé à fond

Je ne pense pas que mon cas soit isolé. J'ai par exemple une connaissance qui a malheureusement eu des problèmes avec l'alcool et je reste persuadée qu'elle en a eu parce qu'elle était perçue comme quelqu'un ayant la capacité boire beaucoup avant d'être ivre et qui donc a été encouragée par ses potes en ce sens.

Comprendre ça, avoir cette réflexion, a été un vrai choc pour moi. Non pas parce que j'ai un problème évident avec la nourriture mais surtout parce que je pensais que le regard d'autrui me passait au dessus. Je me suis tellement focalisée sur le fait de ne pas écouter les critiques négatives que j'en ai oublié le reste en me pliant en quatre pour « plaire » aux personnes qui me faisaient des compliments. C'est insensé et pourtant vrai car je n'avais pas conscience de ce que je faisais. Et ça a pourtant eu un effet néfaste sur ma vie, preuve en est.

Alors bien sûr, je ne remets pas la faute sur mon entourage, parce que ça serait l'attaquer gratuitement pour quelque chose dont il n'est pas responsable en soi. Je dis juste que ça a pu ouvrir la brèche sur des affaires qui vont être difficiles à régler sans l'aide d'un·e professionnel·le de santé.

Mais du coup je me demandais si j'étais la seule à percevoir cet effet de groupe ? Si vous avez vous-même été touché·e par ce phénomène ?

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