Je
crois bien que toute cette histoire a commencé avec MSN. Je
rentrais de l'école et puis j'allais me connecter pour parler avec
les gens que j'avais déjà croisé toute la journée. On se
racontait des blagues et on se chambrait à coup de wizz, vous
savez, ce truc qui faisait bouger les fenêtres de conversation de la
manière la plus agaçante qui soit. D'ailleurs, si tout à coup les
wizz décidaient de refaire irruption dans nos vies, je ne donnerais
pas plus de 3 jours à l'humanité pour s'autodétruire. C'était une
époque bonne enfant, j'aimais bien.
« Tu me renvoies encore un wizz et je te
plante »
Quand
je suis arrivée au collège, même principe. Sauf que là, c'était
devenu bien plus malsain : on faisait attention à ce qu'on
mettait en statut pour pouvoir attirer l'attention de certaines
personnes et on lançait des conversations de groupe où on finissait
une fois sur deux par s'engueuler.
MSN
n'était plus seul dans la course puisque c'était la grande mode des
Skyblogs, ces blogs absolument immondes générés par
Skyrock. Ils nous servaient surtout à présenter nos potes et
nos groupes préférés, le tout sur fond de montages Blingee et
de phrases inspirantes. J'avais d'ailleurs créé toute une
flopée de blogs à cette époque pour raconter beaucoup de trucs
sans intérêt (comme aujourd'hui, je sais, PAS LA PEINE DE FAIRE LA
BLAGUE JEAN-MICHEL BARRE DE RIRE).
Quelle merveilleuse époque pour le bon goût
Sur
Skyblog, on trouvait parfois des commentaires malveillants,
venant principalement d'autres gens du collège. En fait, on créait
du drama juste pour pouvoir s'occuper. Je crois que c'est à ce
moment là, comme beaucoup, que j'ai commencé à comprendre que ce
que l'on faisait sur Internet avait un véritable impact sur notre
quotidien. Et que donc, virtuel n'était pas synonyme d'irréel.
De
toute façon, il aurait fallu être idiot pour ne pas voir que les
engueulades sur MSN ou Skyblog se répercutaient bel et
bien en live dès le lendemain matin, au moment de la récré.
Sinon je me serais jamais engueulée avec l'une des meufs les plus
populaires de mon collège pour ne pas avoir cru qu'elle puisse être
attristée par la mort de son poisson rouge (ouais, sombre histoire).
Au moins, cette période m'a permis de connaître le fabuleux blog de Tania, aka Sweetpeppermint qui m'aurait fait chialer de rire environ 450 fois en cours
d'Informatique avec ma meilleure amie.
Juste
à la fin du collège, je me suis inscrite sur une plateforme que
n'arrêtait pas de me conseiller une pote d'enfance et qu'elle me
vendait comme l'avenir de ce qu'on appelle maintenant les réseaux
sociaux :
Pour le coup, je n'assimile pas Facebook à mes années collège puisque je m'y suis inscrite à la fin de la troisième seulement. Le gros de mon activité dessus ayant pris place pendant mes années lycée. Facebook
occupait vraiment bien notre temps. On écrivait sur nos murs au lieu
d'utiliser des conversations privées, on faisait des tests pour
savoir si on était plutôt Monsieur Costaud ou Madame
Tintamarre. On likait toutes les pages possible pour montrer nos
goûts et on rejoignait des groupes qui nous donnaient l'impression
d'être extrêmement uniques et subversif·ves , comme par
exemple « Si toi aussi tu détestes marcher dans le pédiluve
à la piscine ». On se tagguait sur des photos qu'on
assumait pas trop et on râlait à absolument toutes les mises à
jour de l'interface qu'on trouvait toujours plus moches (moi la
première).
Mais
Facebook, c'est aussi le moment où un pote m'a engrainé à
créer une page pour y présenter les photos que je prenais depuis
quelques mois. Et ça c'était trop bien ! Plus le temps
passait, plus les gens suivaient mon travail et je ne pense jamais
pouvoir assez le remercier pour m'avoir forcé la main et me foutre
le coup de pied au postérieur qui me manquait pour lancer la
machine. Grâce à cette page j'ai développé mon envie de faire des
photos, de les présenter à un public et ça m'a aussi permis de
rencontrer des modèles fantastiques, avec qui je travaille encore
aujourd'hui.
Depuis
que j'ai eu mon bac, j'ai diversifié les plateformes où j'avais la
possibilité de créer du contenu : que ce soit pour parler de
mes photos ou simplement pour raconter des tranches de vie. Mais le
temps passant, je me suis aperçue que je vivais de plus en plus mal
mon rapport aux réseaux sociaux, et surtout depuis l'arrivée
d'Instagram dans le game.
Sans
vouloir me la jouer réac, je suis contente d'être tombée sur Insta
suffisamment tard pour avoir assez de recul sur la chose. Et encore.
Même en étant correctement parée contre les remises en question
malsaines, j'ai parfois pu douter de mon bien-être à cause de ce
réseau. À ce moment-là, Insta était la plateforme de la
fausse bienveillance, où tout semblait parfait mais où le seul but
était de faire croire à son entourage qu'on avait une bien
meilleure vie qu'eux. Ça foutait une pression folle, même à ceux
qui essayaient de ne pas se laisser déstabiliser.
Je
me suis sentie en danger en voyant toutes ces photos de fitgirls
qui ne mangeaient que des légumes sans jamais s'autoriser de cheatmeal pendant que je m'autorisais un
paquet de raviolis au fromage. Même chose quand je voyais ces gens
qui me faisaient me sentir mal à force d'exposer toute leur
richesse, donnant l'impression que la valeur d'une personne se
mesurait à l'argent.
Je
crois pouvoir le dire sans me tromper : ce qui m'a fait sortir
du mal-être lié aux réseaux sociaux, c'est l'Art. La découverte
d'une quantité infinie d'artistes, de personnes créatives m'a donné
envie d'insuffler bien plus de positif dans le quotidien des gens.
Alors attention, je ne suis absolument pas en train de dire que je suis votre marraine
la bonne fée, répandant des cœurs partout où elle passe. J'essaye simplement de réfléchir un peu plus longtemps avant de
cliquer sur Publier.
À
l'heure actuelle, j'ai l'impression que cette histoire de pression
liée aux réseaux sociaux est en train de s'estomper, pour laisser
place à des choses bien plus intéressantes.
Je
vois de plus en plus de personnes inspirantes prendre la parole, sans
pour autant se prendre pour des gourous du développement personnel
et qui vous diront comment mener votre vie, non. Désormais et à mon
sens, les réseaux sociaux sont un véritable vivier de créativité,
sans même avoir besoin d'être artiste au sens littéral du terme.
Je
me réjouis de voir des comptes déculpabilisants émerger, des
œuvres mises en lumière. Je place pas mal d'espoir là-dedans et
j'espère que la tendance va aller en ce sens le temps passant.
L'idée n'est évidemment pas de se complaire dans la niaiserie. Sans
faire les bisounours, je pense qu'il est tout à fait possible
d'insuffler plus de positif sur nos réseaux sociaux.
Si
vous n'avez aucune idée de comment apporter du bienveillance sur vos
plateformes, j'ai quelques conseils pour vous :
Cessez
de suivre les personnes qui vous font culpabiliser
Vous
avez l'impression qu'une personne que vous suivez a une vie bien
meilleure que la vôtre ? Le bouton Unfollow existe ! Au
lieu de regarder les stories de gens qui vous donnent (sans même le
vouloir) l'impression que votre vie n'a pas de valeur, consacrez
plutôt votre énergie à trouver les gens qui vous feront aller
mieux. C'est peut-être bête dit comme ça, mais je pense que l'on
n'a pas assez conscience de l'effet pervers de certains discours qui
nous entraînent finalement dans une dynamique de dépréciation. Si
vous faites le ménage dans vos abonnements, pensez simplement à le
faire régulièrement. Je ne me suis aperçue que très récemment
que je suivais des gens qui me faisaient me sentir mal et qui me
faisaient remettre en question mon niveau de vie. Surtout que le
discours d'une personne peut rapidement changement en fonction de
l'évolution de sa personnalité.
Les
recommandations
Quelle
que soit la plateforme que vous utilisez, n'hésitez pas à faire
connaître les personnes dont vous suivez le travail à d'autres. Ça
permet de faire émerger des talents, même à petite échelle. Sans
les reco, je n'aurais probablement pas connu une bonne partie des
artistes que je suis sur Internet (photographes, graphistes,
vidéastes...etc). Et ça aurait été bien dommage. Il y a tellement
de gens qui font tellement de choses cools sur cette planète, il
serait dommage de ne pas en parler pour en faire profiter son
entourage.
Commentez et partagez
Sans
même avoir besoin de faire l'effort d'une recommandation, le simple
fait de commenter et partager le contenu de personnes qui vous
inspirent et dont vous appréciez le travail leur filera déjà un
chouette coup de pouce. Quelque soit la plateforme sur laquelle vous
êtes, les algorithmes sont, à l'heure actuelle, surtout friands de
commentaires. Et ça peut permettre à de petit·es créateur·ices
de faire connaître leur business. Ça prend peu de temps et ça
profite à plein de gens: aux artistes qui bénéficient de plus de
visibilité et aux utilisateur·ices qui découvrent de nouvelles
choses.
Les
dons sur Facebook
J'ai
longtemps été méfiante à l'égard des campagnes de dons sur
Facebook. Comment une telle plateforme pouvait vouloir notre
bien, elle qui ne s'est pas gênée pour déglinguer la visibilité
des artistes ayant des fanpages, dans l'unique but d'engranger plus
de thunes ? Pour être tout à fait honnête, j'avais même
l'intention de vous écrire toute une enquête sur ces dons que je
suspectais de mauvaises intentions. Et il s'est avéré que je me
trompais ! Pour mon anniversaire cette année, j'ai voulu tester
ces campagnes de dons et force est de constater que tout s'est
déroulé à merveille ! On crée sa cagnotte quelque temps
avant la date fatidique, on choisit l'association de son choix (qui a
pour seule contrainte de devoir être partenaire du dispositif), on
se fixe un montant maximum pour inciter les gens à atteindre
l'objectif (à modifier si besoin) et il n'y plus qu'à partager ça
sur son profil ! À la fin du temps imparti, tout se fait
automatiquement : l'argent versé par les contacts file
directement dans les poches de l'asso. C'est vraiment très simple
d'utilisation et ça m'a permis de faire 300 euros de dons à une
asso qui me tient à cœur, tout ça grâce à la générosité de
mes potes. Et si en plus ça peut donner l'idée à d'autres contacts
de faire de même, c'est parfait !
J'espère
que ça sera suffisant pour vous aider, si vous avez envie de vous
lancer là-dedans. Mais du coup je me demande, votre rapport aux
réseaux sociaux, vous l'avez vécu comment ?
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