mardi 31 mars 2020

De la danse et des blagues – TikTok, le réseau social de 2020





Lancée en 2016 en Chine, TikTok est très vite devenue l’une des applications les plus populaires au monde. Le principe ? De courtes vidéos couplées à de la musique que l’on peut faire seul·e ou plusieurs (et même à distance). Sur TikTok il y a beaucoup d’humour, de quoi nous rappeler ce bon vieux Vine, le petit frère de Twitter qui permettait de créer des vidéos de 6 secondes et qui a longtemps été ma chose préférée (sans jamais y avoir été inscrite, belle prouesse), comme en témoigne ma vidéo fétiche :




TikTok ce n’est pas que de l’humour, c’est aussi beaucoup de chorégraphies et de tendances avec des défis à reproduire.




Beaucoup l’ont annoncé en 2019 : TikTok deviendrait encore plus populaire en 2020. Et c’est bien ce qui est arrivé. Mais ce que nous ignorions à ce moment-là, c’est à quel point le confinement propulserait la plateforme encore plus loin. Théotime, un utilisateur de 20 ans, dit s’être inscrit il y a peu de temps : “au début du confinement donc deux semaines à peu près”. Pour Anna, 21 ans, son réel intérêt pour l’application s’est également précisé à ce moment-là : “j'avais téléchargé l'appli il y a un an déjà, mais à l'époque je n'avais pas vraiment pris le temps d'essayer de comprendre comment ça marchait, j'avais dû tenir environ 3 jours dessus puis j'avais désactivé mon compte. Du coup il y a environ 2 semaines je m'y suis remise parce que j'avais envie de recréer certaines des chorés avec mes petites soeurs comme je suis confinée avec elles”. Même chose pour Court, vidéaste et influenceuse : “j’ai commencé à regarder du contenu sur TikTok il y a plusieurs mois, j’ai commencé à en faire il y a à peu près deux semaines”.


Ce qu’il y a de pratique avec TikTok, c’est qu’une fois l’appli installée, tout est très facilement accessible : au premier clic sur la plateforme, un rapide tuto se lance pour montrer les différentes façons de naviguer sur le réseau social. Pas plus de deux secondes de démo que nous nous trouvons déjà dans cet océan de contenu. Si on a l’habitude d’Instagram, on prend vite ses marques : une barre de navigation en bas de l’écran avec les onglets “Accueil”, “Découvrir”, “Poster”, “Boîte de réception et profils”. Sur le côté droit, les différentes informations concernant le compte : le nombre de likes, de commentaires et un bouton de partage.




La popularité de TikTok s’est accrue grâce aux possibilités qu’elle offre pour créer des vidéos rapidement. “Ce qui me plait dans ce réseau c’est l’interface facile à utiliser, et qui offre énormément de possibilités avec un seul son. Les gens sont vraiment créatifs et on va avoir 1 000 vidéos différentes (dans la création, l’intérêt, la réalisation) avec la même musique”, explique Court, qui a commencé à créer du contenu sur sa chaîne YouTube et qui se dit désormais plus à l’aise avec TikTok : “j’ai plus de facilités à créer sur TikTok, ça me demande moins de temps, je ressens moins de pression, et j’ai l’impression de pouvoir poster quand je veux sans que ça influe sur la visibilité”. Les hashtags viraux se démultiplient à perte de vue, ce qui incite les gens à créer.


TikTok a également explosé ces derniers mois grâce à ses nombreux partages sur d’autres réseaux sociaux : le contenu tiré de la plateforme ne cesse de voguer sur Twitter et Instagram. Encore heureux, sinon je n’aurais jamais eu l’occasion de pouvoir découvrir cette MERVEILLE (j’écris en caps lock pour montrer à quel point je pèse mes mots) :




C’est également ce qui a permis à Éloïse, 20 ans, de découvrir la plateforme : “je suis très active sur Twitter et il y avait de plus en plus de vidéos de TikTok qui me faisaient rire sur Twitter, ça m’a donné envie d’en voir plus”.


Si certains se sont inscrits dans le but de créer des vidéos dès le départ, beaucoup ont simplement voulu voir ce qu’il s’y faisait, histoire de rire un peu : “c'est un dépaysement cérébral, une ventilation cérébrale, faire que je m'autorise à rire, à me déconnecter du quotidien” raconte Gwena, 50 ans. Même chose pour Alison, 23 ans  “je ne ressens pas l'envie d'en faire, mais j'aime vraiment découvrir de nouveaux TikTok à chaque connexion”.


Sauteront-elles le pas un jour ? “C'est possible qu'à mon tour je puisse envoyer des vidéos sur TikTok, pour rendre aux autres les fous rires qui me font tant de bien et me permettre d'être moi-même, quelqu'un d'humain, qui a de l'humour et qui aime bien rigoler, s'amuser” répond Gwena.


Côté communauté, les impressions divergent : “j'ai l'impression de pouvoir poster de la merde sans que des personnes de mon entourage se foutent de ma gueule” confie Ana. Alison qualifie quant à elle la communauté TikTok de “particulière”, “rien avoir avec Youtube par exemple”. Même si elle déplore la présence de quelques trolls, elle précise “TikTok, c'est beaucoup d'interactions dans la création et ça change les liens de la communauté”. Pour Théotime celle-ci est “plutôt jeune et beaucoup moins agressive que sur d'autres réseaux sociaux”. Et c’est le cas de le dire ! Au début de son utilisation et jusqu’à l’an dernier, la principale cible du réseau social était les pré-ados et les ados.


Mais le ressenti de Théotime n’est pas que positif : “je trouve que la communauté ne se remet pas beaucoup en question. J'ai vu plein de TikTok problématiques sans que personne en commentaire ne fasse de réflexion”.


En effet, des vidéos qui ont une mauvaise influence sur la communauté prennent parfois bien le temps de tourner sur la plateforme, comme le constate Sarah Hawkinson qui s’insurge contre les maladies romantisées dans cette vidéo YouTube :



Tout n’est d’ailleurs pas entièrement clean au niveau de la gestion des données puisqu’en février 2019, l’application était condamnée à 5,7 millions de dollars d’amende aux États-Unis pour collecte illégale des données d’enfants de moins de 13 ans. L’institution à l’origine de l’amende, la FTC (Federal Trade Commission, la Commission du Commerce), assure en effet le respect de la loi COPPA relative à la protection de la vie privée des enfants sur Internet.


Pour autant, TikTok reste un véritable outil d’expression et d’acceptation, comme en témoigne Alison : “autant il y a des trucs vraiment pas oufs dessus (style ceux qui font les beaux/belles) mais il y a des gens incroyables, créatifs, qui partagent et il y a réellement une grosse avancée sur la confiance en soi sur cette appli (des gros·ses qui se montrent, des gens avec des problèmes de dentition, chauves, petits, vieux, jeunes, en situation de handicap) et beaucoup d'autodérision ! Et c'est ça que j'aime le plus”.


Que restera-t-il de TikTok après le confinement ? “Je ne pense pas que je continuerai après pour ma part...” confie Éloïse. Théotime quant à lui se dit que “peut-être” il produira du contenu plus régulièrement.


Si le confinement a évidemment été un tremplin pour le réseau social, il ne faut pas oublier qu’il bénéficiait déjà d’une croissance fulgurante et d’une visibilité de plus en plus forte. L’application qui comptait déjà plus d’1,5 milliards d’utilisateurs fin 2019 risque très probablement de s’inscrire dans la durée.


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