mardi 12 février 2019

Contradictions et jugement de l'Internet – Pourquoi se positionner sur les réseaux sociaux ?


J'ai toujours eu un problème à me positionner publiquement parlant. Je me considère pourtant végétarienne et féministe, aucun doute là dessus. Mais il est beaucoup plus difficile pour moi de l'afficher ouvertement sur les réseaux sociaux. Non pas que je ne l'assume pas, mais plutôt par crainte des jugements qui peuvent en découler.


À une bien plus grosse échelle, lorsqu'une personnalité publique va affirmer quelque chose, se positionner ou défendre une cause, le moindre fait et geste va être scruté par le public qui va évaluer si la personne mérite ou non de se considérer comme faisant partie d'un mouvement.

Un exemple : Coline, la créatrice du blog et de la chaîne YouTube Et Pourquoi Pas Coline est vegan. C'est un sujet qui lui tient à cœur, tout comme celui de l'écologie. L'affinité qu'elle a pour ces sujets a fait qu'elle a produit et continue parfois de produire un certain type de contenus visant à donner des conseils ou sensibiliser là dessus. Si bien que lorsqu'elle explique dans un tout autre type de vidéo qu'elle a enfin réussi son permis moto et qu'elle raconte la joie dans l'âme qu'elle a pu faire une balade à moto pendant 1 heure avec son compagnon un week-end, un certain nombre de personnes lui répondent qu'il est tout à fait scandaleux qu'elle utilise sa moto pour une balade, elle qui sensibilise à l'écologie.



Évidemment ce n'est qu'un exemple tiré d'une vidéo, mais c'est comme ça pour tout. On va crier au scandale si elle a eu le malheur de porter une veille paire de chaussures en cuir ou que sais-je. C'est quelque chose que l'on voit beaucoup lorsque des influenceur·euses vont se réclamer vegan par exemple et je dois avouer que j'ai du mal à accepter ce type de commentaires condescendants, en partie à cause de la pression et les angoisses que ça doit engendrer.


On exige des personnalités publiques, des créateurs ou créatrices un comportement irréprochable, en toutes circonstances, même si on applique pas soi-même ce genre de principes à chaque instant de sa vie, ce que je trouve complètement fou.

Je ne crie pas sur tous les toits que je suis végétarienne parce que je considère que c'est une information personnelle (oui bon là je le dis mais faut bien que je vous explique un peu mon point de vue et ce même si je le mentionne de temps à autres), mais pas seulement. C'est aussi parce que je n'ai pas envie que l'on vienne me mettre sous le nez la question de la présure animale dans le fromage, parce que je n'ai à me justifier auprès de quiconque.


Je me prends en exemple pour que vous compreniez mais en vérité je suis loin de toutes ces critiques. Je n'ai pas l'audience d'une créatrice comme Coline mais c'est en regardant ses vidéos et surtout en m'attardant sur la partie « commentaire » que j'ai constaté ce phénomène que je trouve de plus en plus oppressant et contre-productif.

Je crois qu'on est toutes et tous d'accord pour dire que tout n'est pas blanc ou noir dans la vie et qu'elle est pleine de nuances (je vais m'arrêter là pour les vérités générales parce que j'ai vraiment l'impression d'enfoncer des portes ouvertes et de transformer cet article en recueil de citations inspirantes nulles). Ce que je ne comprends donc pas, c'est pourquoi est-ce que certain·es exigent une façon de consommer irréprochable à leurs créateurs et créatrices préféré·es ?

Je suis d'accord sur un point, si on décide de soutenir et suivre le travail de quelqu'un ça peut aussi être parce que sa personnalité nous plaît et que le fait de s'être réclamé écolo peut avoir fait que l'on suive son travail (uniquement pour cette raison, je veux dire). Il y a aussi cette envie de ne pas se sentir floué par quelqu'un qui aurait de l'influence et qui se ferait de l'argent sur le dos de ses abonné·es (d'ailleurs va falloir m'expliquer à quel moment produire du contenu gratuit sur le web fait perdre de l'argent aux abonné·es mais c'est pas la question).

Coline n'est pas la seule concernée, loin de là, je pense aussi pour un autre exemple à Marie Lopez alias EnjoyPhoenix qui va être vivement critiquée si elle annonce une prise de position qui semble être égratignée quelques mois après par un partenariat avec une marque. Mais ne nous voilons pas la face: beaucoup de partenariats et grosses opé sont mis en place des mois parfois des années à l'avance, que ce soit pour la sortie d'un produit ou une campagne de pub. Une prise de conscience peut être faite en chemin et vu ce qu'implique comme engagement une opé, je peux comprendre qu'il soit parfois nécessaire d'aller au bout (déjà parce qu'une rupture de contrat en dehors de la force majeure peut coûter très cher).



Comme le dit si bien Marie dans ce post, il me paraît plus raisonné et productif d'encourager les petits gestes, de laisser les gens faire leur chemin plutôt que de leur hurler dessus au moindre écart. Encore une fois, je ne parle pas de celles et ceux qui se foutent ouvertement des gens, mais bien des personnes saines et sincères dans leurs démarches.

Au-delà de ce problème récurrent et pour revenir à mon expérience personnelle, qu'elle soit IRL ou non, j'ai aussi toujours eu du mal à clamer haut et fort mes prises de position tout simplement parce que je sais que certaines personnes vont soit avoir du mal à m'écouter si elles sont en désaccord avec mes valeurs soit vouloir me rentrer dans le lard pensant que je ne demande qu'à argumenter et débattre parce que j'ai décidé de faire des choix de vie différents des leurs.


Je vous le dis directement : j'ai la FLEMME. Je pars du principe que tant qu'on ne vient pas me souler sur mes choix, je viendrais pas souler les autres sur les leurs. Chacun fait sa vie et tant mieux si quelques actions de mon entourage vont dans le sens de ce que je défends. Mais en vérité je ne vois pas pourquoi je dois un débat à quelqu'un impatient de démonter mes arguments par pur plaisir d'être dans la confrontation (en vain, en plus).
À ces personnes là : je m'en badigeonne le nombril avec le pinceau de l'indifférence, vous allez faire quoi maintenant ?

Bref, tout ça pour dire : et si on se lâchait la grappe un peu ?

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