mardi 17 septembre 2019

Féministe & Girly – Le paradoxe qui n'en était pas un


Quand j'ai commencé à m'intéresser aux questions liées au féminisme, j'étais dans une phase où j'étais en totale opposition avec l'image de la femme potiche, celle à qui on n'adresse jamais la parole, toujours là pour plaire aux hommes et ayant pour seule fonction d'être jolie. Pour m'éloigner un maximum de cette illustration, je me suis construite de façon à ce que rien ne puisse laisser penser que je pouvais être faite de ce bois-là.



Sans pour autant abandonner ma passion pour le maquillage ou les fringues, j'ai fait en sorte de ne pas trop en parler, ou en parler avec les « bonnes » personnes, celles qui ne me mettraient pas face à mes « contradictions». Et non, je ne parle pas des autres féministes pour le coup, mais bien des gens qui cherchent à avoir le dernier mot sur tous les sujets, les mêmes qui viennent me dire qu'être végétarienne c'est mauvais pour la santé alors que je suis juste en train de bouffer mes nuggets de blé tranquille dans mon coin, laissez-moi sérieux !




Ce n'est que bien des années plus tard que j'ai compris qu'il fallait que je nuance ce propos.


Vous l'aurez remarqué avec le nouvel habillage de ce blog, je me suis totalement lancée dans une esthétique plus cartoonesque, bariolée, avec du rose et des lettres gummy. C'est quelque chose que j'avais envie de faire mais que j'ai, mine de rien, mis du temps à accepter. Est-ce que porter du rose et aimer les paillettes m'éloigne de mes revendications ? Bah figurez-vous que non. Enfin, vous, vous le saviez peut-être, mais il m'a fallu pas mal de temps pour le comprendre et m'assumer entièrement, sans crainte d'être jugée.


Je suis féministe et j'aime les paillettes. Je regarde les vidéos de makeup pour me tenir informée des nouveautés parce que j'adore me maquiller.

Je suis féministe et j'organise des shootings sur le thème du film Lolita Malgré Moi. Je porte des pin's Girl Power et j'aime prendre le temps de me faire des masques le dimanche.

Je suis féministe et je revendique le droit de faire ce que je veux, en fait. Et c'est ce qui importe.


Parce que non, être féministe ce n'est faire un barrage total à toute forme d'attrait pour la cosmétique. C'est aussi l'accepter. En fait, être féministe, c'est surtout rechercher la liberté de faire ce que bon nous semble, sans que personne n'ait quelque chose à redire. Laisser pousser ses poils ou porter des pushups, qu'importe, du moment qu'on se sent bien et qu'on nous laisse faire nos propres choix.



Porter du rose n'envoie certainement pas un message au reste du monde disant « hé, c'est ok de me marcher sur les pieds et de continuer à faire comme si mes droits n'existaient pas ». Je ne dis pas pour autant qu'il faut aimer le rose et les strass par pure revendication. Chacun a le droit de ne pas faire de tous ses faits et gestes quelque chose de politique. Parce que nous ne sommes pas des machines et que c'est vachement crevant mine de rien. En fait, je fais le choix de ne pas me poser de question. Si j'aime un truc, je l'assume, sans me demander si ça entre en contradiction avec mes principes.



Certes, les termes que j'ai choisi pour ce titre d'article sont assez aguicheurs mais je cherchais à vous interpeller. En vérité, je n'aime pas utiliser l'expression girly. Non pas parce qu'elle sous-entend un univers plus enfantin, fait de sucre et de licornes (d'ailleurs je n'aime pas les licornes, désolée de vous le dire), mais surtout parce qu'elle se rattache à un genre plutôt qu'un mood. Et je ne soutiens pas les stéréotypes attachés aux genres, pour le coup, je les rejette. À cause de ce bagage de stéréotypes qui entourent ce mot, l'idée même qu'une personne puisse avoir des goûts girly devient tout de suite péjorative, en particulier s'il s'agit d'un homme. Wikipédia estime d'ailleurs que ce terme est condescendant. Parce qu'il associe l'image de la femme à l'immaturité et à l'absence de réflexion.


Ce qui me fait d'ailleurs penser à l'excellente interview de Billy Porter pour le site anglais Pink News expliquant son goût pour le port de la robe :



« Toute femme qui porte un pantalon est considérée comme forte parce que le pantalon est associé au patriarcat. C'est en quelque sorte un complexe de supériorité. Et donc si un homme porte une robe, c'est dégoûtant. Dans ce cas, ce que vous êtes en train de dire c'est : « les hommes sont incroyables, les femmes sont dégoûtantes. Et je ne veux plus participer à ça »


On ne mérite pas Billy Porter, cet être merveilleux.


Ce qui pose vraiment problème, c'est d'être jugées quoi qu'on fasse. C'est vrai pour l'Occident, ça l'est encore plus ailleurs. Et c'est même à cause de ce système qu'on se retrouve à réfléchir à ce genre de questions à la con. Est-ce que j'aurais pensé un jour me retrouver à me demander s'il n'était pas honteux que j'aime une couleur ? Quelle perte de temps, c'est n'imp. On est d'accord ?




Alors je sais bien, que cet article a l'air de dire « regardez comme je suis merveilleuse ! J'ai compris ça, ce qui fait de moi un être supérieur ». Dites vous ce que vous voulez en vrai, mais pour moi l'important c'était de partager cette réflexion avec vous. Surtout parce que je voulais savoir si vous aussi, vous aviez pu vous dire ça. Ou si vous vous dites encore ça ? Ça m'intéresse. J'ai envie qu'on échange là-dessus.


Crédit photo d'illustration: inconnu, si vous en connaissez l'auteur·ice, n'hésitez pas à me contacter !

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