mardi 27 novembre 2018

De l'autre côté de l'objectif - 8 conseils pour commencer la photo de portrait


Je donnais il y a peu de temps des conseils à un ami venu investir mon studio pour y tester la Photo avec lumières artificielles. Comme il avait commencé la photo il y a quelques mois seulement, je me suis dit que c'était l'occasion de lui filer quelques petits tips. Après réflexion, je me suis dit qu'il ne serait pas inintéressant de vous les partager, puisqu'il n'est pas rare que l'on me demande 2-3 conseils par-ci par là (comment ça je fais des articles juste pour pouvoir répondre à mes dm avec un lien ? Moi ? Jamais, ha!). C'est un peu le pendant de mes articles expliquant comment devenir modèle et comment obtenir une séance photo sans passer pour un gros con.

Ces conseils s'appliquent dans le cadre d'une collaboration (c'est-à-dire dans le cadre d'un échange de bons procédés) même si en vrai beaucoup d'entre eux sont transposables pour une commande. Mais il y a quand même une différence majeure à prendre en compte : le statut du modèle. En commande, le modèle vous paie, il s'agit donc d'un client. En collab, le modèle est un... OUI. Un collaborateur, et si certains pouvaient se tatouer ça sur le front pour pas l'oublier ce serait pas de refus ma bonne dame.



1/ Se demander « Pourquoi je me lance dans la Photo ? »


Donc vous avez envie de vous lancer dans la Photo et que ce soit à titre récréatif ou non, c'est très bien. Mais prenez tout de même le temps de vous poser la question, pourquoi est-ce j'ai envie d'en faire ? Est-ce que vous ressentez un besoin de création artistique ? Est-ce que vous avez la curiosité d'en apprendre plus sur la technique ? Est-ce que vous souhaitez faire vos propres portraits (quoi on sait jamais) ? Ce que je veux dire par là, c'est que vous n'allez pas vous fixer le même rythme de pratique si vous souhaitez apprendre doucement ou si vous avez un réel objectif de professionnalisation urgent.

Personnellement j'ai commencé la Photo en m'amusant avec des amies et j'ai ensuite eu envie d'en apprendre plus pour pouvoir mieux réaliser les idées de mises en scène que j'avais en tête.

Attention : si vous vous vous lancez en photo pour rencontrer des gens dans le but de les draguer, merci de vous abstenir. Cette terre est déjà bien assez remplie de faux-tographes et puis en plus votre nom tournera bien assez vite dans le monde de la Photo en tant que photographe craignos pour vous faire une sale réputation en l'espace de quelques mois, je suis pas sûre que vous ayez envie de tenter l'expérience.


2/ Investir matos dernier cri est inutile quand on débute

La Photo ça coûte cher, vous le savez, je le sais, ma conseillère bancaire le sait. Je ne parle même pas du matériel dernier cri qui est capable de vous envoyer des colis et faire du café (non mais je serais quand même vachement curieuse de voir ça si ça arrivait un jour). J'entends bien qu'il soit tentant de vouloir acheter le meilleur histoire d'être tranquille jusqu'à la fin de ses jours mais gardez à l'esprit ceci : mieux vaut commencer doucement pour pouvoir mieux appréhender les choses. D'autant plus que vous risqueriez d'avoir le sentiment d'être perdus avec toutes ces fonctionnalités de professionnels et de vite vous décourager.


Notez aussi que plus vous progresserez, plus vous sentirez les limites de votre matos et vous ressentirez une réelle différence quand vous passerez à un modèle supérieur (que ce soit un boîtier ou un objectif). Surtout que d'ici à ce que vous maîtrisiez parfaitement votre appareil, d'autres modèles bien plus performants seront sortis d'ici là et votre appareil ne vaudra plus rien même en occasion. Alors soyez astucieu·ses !

3/ Proposer votre book


Pour contacter un·e modèle mieux vaut lui donner une idée de ce que vous savez faire. Comme je le disais dans cet article, le book est un bon moyen de se projeter pour imaginer un rendu des photos. Surtout, c'est un excellent indicateur servant à repérer les faux-tographes (a.k.a les pervers) en s'assurant par exemple si les images présentées n'ont pas été volées sur le site d'un·e autre photographe - via la recherche inversée de Google.

Oké José, mais si je commence comment je fais pour avoir un, de book ?

Et c'est LÀ que vos potos entrent en jeu. Vous avez aidé un·e ami·e à déménager et il/elle ne sait pas comment vous rendre la pareille ? PAR-FAIT, il/elle va pouvoir poser pour vous ! En plus, ça lui fera de jolis portraits gratuits. Pour autant, quand vous contacterez la personne que vous souhaitez prendre en photo, soyez honnête et précisez que vous commencez tout juste. De toute façon si le/la modèle s'en rend compte tout·e seul·e sur la séance photo, le courant risque de mal passer puisque vous lui aurez caché une information assez capitale et ça, on valide pas du tout.

4/ Établir ses conditions

Que vous soyez débutant·e et amateur·ice ou expert·e et professionnel·le, vous ne pouvez pas passer à côté des conditions. Si la collaboration est basée sur un échange de procédés, il ne faut pas s'oublier et oublier le respect du travail de chacun·e des intervenant·es. Poser ses conditions en amont de la séance photo, c'est aussi s'assurer que l'on a la même vision des choses et de s'éviter de (très) mauvaises surprises.



Pour vous donner une idée de ce que j'entends par là, je vais vous citer mes conditions de collaboration en vous expliquant la raison d'être de chacune :

  • Je ne rends que 7 photos
Rendre trop de photos, c'est à la fois trop de travail pour vous et aussi une dévalorisation du travail de photographe en général, même si beaucoup ne pensent pas à mal en rendant 60 photos d'une séance en extérieur. Ça demande énormément d'investissement à la retouche pour chacune de ces photos, pour le tri et surtout le jour où vous voudrez vous professionnaliser et/ou que vous rendrez moins de photo, on risque de vous le reprocher alors que vous aurez simplement compris qu'il n'est pas possible d'assumer une telle charge de travail. Pourquoi 7 ? Tout simplement parce que c'est un chiffre avec lequel je suis à l'aise, je pourrai en rendre un peu plus comme un peu moins, c'est seulement mon ressenti qui m'a permis de fixer le curseur à 7. C'est un chiffre très personnel et c'est donc à vous de le définir, en gardant en tête ce que je viens de vous dire.

  • Les photos sont choisies par moi et moi seulement
En commande, le/la client·e doit pouvoir avoir l'opportunité de choisir lui/elle-même les photos qui seront retouchées et rendues. Gardons à l'esprit qu'il s'agit ici d'une collaboration. Le/la modèle n'est pas à votre service et leur laisser le choix total des photos publiées revient à leur laisser croire que vous êtes à leur service. Or comme je le dis ici, personne n'est rémunéré et surtout pas vous. Bien entendu vous pouvez les modèles vous dire quelles photos ils/elles ne veulent surtout pas voir publiées car c'est important de pouvoir contrôler son image surtout sur le net. Il faut qu'ils/elles puissent consentir à ce résultat. Mais gardez à l'esprit que vous êtes le/la photographe et que c'est vous qui savez faire la différence entre les clichés de qualité et les autres.
En vérité, ce point me chagrine énormément car j'avais jusqu'il y a très peu de temps laissé le choix à mes modèles qu'elles étaient leurs photos préférées. Sauf que ça a donné lieu à trop d'abus, sans respect aucun pour mon travail et j'ai donc été obligée de recadrer les choses pour ne plus me laisser marcher sur les pieds.

  • Vous recevez le set sous 2 semaines
Je donne une indication de temps assez larges par rapport à mes capacités pour éviter qu'on vienne me souler toutes les 2 minutes pour savoir quand est-ce que sera le rendu des photos. Donner un délai assez large permet non seulement de vous laisser du temps pour faire les choses correctement mais surtout pour donner aux modèles une idée de la date de rendu. Comme ça, tout le monde est content (même si ça n'empêche pas certain·es de venir vous harceler par mp... Génial).

  • Je garde le contrôle de la direction artistique
C'est une collaboration, pas une commande et quand il s'agit de mon projet je tiens à garder la main dessus. Rien n'empêche évidemment de laisser les modèles vous proposer des idées, mais pensez à leur dire qu'ils/elles ne doivent pas se sentir offusqués si vous ne retenez pas leurs propositions.

  • Les crédits doivent toujours apparaître dans la description de la photo
Condition tellement non négociable et élémentaire qu'il s'agit en réalité d'une simple question de respect. Non, le simple tag n'est pas suffisant parce que figurez vous que la plupart des gens ne pensent pas à aller voir les comptes taggués directement sur la photo (par exemple sur Instagram le nombre de gens qui demandent aux influenceur·euses d'où vient tel ou tel vêtement alors qu'ils/elles ont passé un certain temps à tagguer toutes les marques présentes sur la photo).

  • Pas de retouche sur ce que j'ai fait (ni de filtre insta)
Pour des raisons évidentes de gens qui retouchent comme des phoques.

5/ Communiquer correctement avec son modèle

Vous allez faire de la photo de portrait et que vous le vouliez ou non vous allez pour cela devoir interagir avec un autre humain. La communication, je ne le dirai jamais assez, c'est la base de tout et dans tous les domaines réclamant une interaction sociale, même infime. Quand je dis que vous devez correctement communiquer avec votre modèle, ce n'est pas seulement pendant la séance photo. Non. Avant, pendant et après.


Ça passe par une prise de contact claire et précise en indiquant le type de projet que vous souhaitez mettre en place ainsi que toutes ses modalités (stylisme, coiffure, maquillage...etc). Même si votre idée est de faire quelque chose au feeling, assurez vous d'être d'accord sur les clichés de base, grosso modo (séance photo habillée, lingerie, nu...etc) histoire d'avoir une vague idée de ce qui vous attend et vous éviter encore une fois des surprises. Au-delà de ça et pendant la séance, la communication passe aussi par le fait de dire au modèle quand vous êtes satisfait·e d'une photo, d'une pose mais aussi et surtout de lui demander de remettre quelque chose en place que ce soit un cheveu ou un morceau de tissu.

Ne. touchez. Jamais. Un·e. Modèle. Sans. Permission


C'est crucial.

6/ Mettre à l'aise son modèle

En plus de bien communiquer avec vos modèles, il faut également faire en sorte de les mettre à l'aise. Que ce soit en prenant un thé et des gâteaux avant la séance, mettre de la musique (si possible des années 2000, les vrai·es savent), penser à un endroit safe pour qu'il/elle puisse se changer convenablement, ça ne fera que mettre en confiance le/la modèle et rendra l'expérience d'autant plus agréable et pour tout le monde.


Je vous conseille cet excellent article de ma copine Misery qui a fait un dossier sur l'art de mettre son modèle à l'aise

7/ Tester sans relâche et apprendre continuellement

Ne vous imposez pas de limite dans la technique et les tests, mettez vous toujours au défi pour sortir de votre zone de confort. Il faut tâtonner pour pouvoir progresser lorsqu'on ne fait pas d'école de photo. Regardez des photos, inspirez-vous en (sans plagier), mettez vous des contraintes, regardez des vidéos de traitement, économisez et participez à des workshops qui valent le coup pour progresser en technique, bref : abreuvez-vous de savoir pour faire toujours au mieux.


qui déboîte pas mal pour apprendre la technique

Un site où les photographes partagent leurs photos avec leurs réglages et le placement de leurs lumières (faites gaffe, y a vraiment de tout là dedans, donc sélectionnez soigneusement les clichés qui vous intéressent)

8/ Respecter ses envies

Je termine donc par un conseil qui me paraît encore plus essentiel: en Photo comme dans tout domaine artistique, le syndrome de la page blanche existe et est bien présent. Écoutez vous et ménagez vous, si vous avez besoin d'une pause pour vous consacrer à autre chose ou à vous même faites le, sans culpabiliser. 


Il m'est arrivé plusieurs fois de faire des pauses quelques mois soit pour me ressourcer soit pour me consacrer à d'autres projets. Et je pense que si je n'avais pas ralenti les choses, je n'aurais pas eu l'énergie de continuer aussi frénétiquement avec la même motivation et la même joie qui m'anime.

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