Je
donnais il y a peu de temps des conseils à un ami venu
investir mon studio pour y tester la Photo avec lumières
artificielles. Comme il avait commencé la photo il y a quelques mois
seulement, je me suis dit que c'était l'occasion de lui filer
quelques petits tips. Après réflexion, je me suis dit qu'il ne
serait pas inintéressant de vous les partager, puisqu'il n'est pas
rare que l'on me demande 2-3 conseils par-ci par là (comment ça je
fais des articles juste pour pouvoir répondre à mes dm avec un
lien ? Moi ? Jamais, ha!). C'est un peu le pendant de mes
articles expliquant comment devenir modèle et comment obtenir une séance photo sans passer pour un gros con.
Ces
conseils s'appliquent dans le cadre d'une collaboration (c'est-à-dire
dans le cadre d'un échange de bons procédés) même si en vrai
beaucoup d'entre eux sont transposables pour une commande. Mais il y
a quand même une différence majeure à prendre en compte : le
statut du modèle. En commande, le modèle vous paie, il s'agit donc
d'un client. En collab, le modèle est un... OUI. Un collaborateur,
et si certains pouvaient se tatouer ça sur le front pour pas
l'oublier ce serait pas de refus ma bonne dame.
1/
Se demander « Pourquoi je me lance dans la Photo ? »
Donc
vous avez envie de vous lancer dans la Photo et que ce soit à titre
récréatif ou non, c'est très bien. Mais prenez tout de même le
temps de vous poser la question, pourquoi est-ce j'ai envie d'en
faire ? Est-ce que vous ressentez un besoin de création
artistique ? Est-ce que vous avez la curiosité d'en apprendre
plus sur la technique ? Est-ce que vous souhaitez faire vos
propres portraits (quoi on sait jamais) ? Ce que je veux dire
par là, c'est que vous n'allez pas vous fixer le même rythme de
pratique si vous souhaitez apprendre doucement ou si vous avez un
réel objectif de professionnalisation urgent.
Personnellement
j'ai commencé la Photo en m'amusant avec des amies et j'ai ensuite
eu envie d'en apprendre plus pour pouvoir mieux réaliser les idées
de mises en scène que j'avais en tête.
Attention :
si vous vous vous lancez en photo pour rencontrer des gens dans le
but de les draguer, merci de vous abstenir. Cette terre est déjà
bien assez remplie de faux-tographes et puis en plus votre nom
tournera bien assez vite dans le monde de la Photo en tant que
photographe craignos pour vous faire une sale réputation en l'espace
de quelques mois, je suis pas sûre que vous ayez envie de tenter
l'expérience.
2/
Investir matos dernier cri est inutile quand on débute
La
Photo ça coûte cher, vous le savez, je le sais, ma conseillère
bancaire le sait. Je ne parle même pas du matériel dernier cri qui
est capable de vous envoyer des colis et faire du café (non mais je
serais quand même vachement curieuse de voir ça si ça arrivait un
jour). J'entends bien qu'il soit tentant de vouloir acheter le
meilleur histoire d'être tranquille jusqu'à la fin de ses jours
mais gardez à l'esprit ceci : mieux vaut commencer doucement
pour pouvoir mieux appréhender les choses. D'autant plus que vous
risqueriez d'avoir le sentiment d'être perdus avec toutes ces
fonctionnalités de professionnels et de vite vous décourager.
Notez
aussi que plus vous progresserez, plus vous sentirez les limites de
votre matos et vous ressentirez une réelle différence quand vous
passerez à un modèle supérieur (que ce soit un boîtier ou un
objectif). Surtout que d'ici à ce que vous maîtrisiez parfaitement
votre appareil, d'autres modèles bien plus performants seront sortis
d'ici là et votre appareil ne vaudra plus rien même en occasion.
Alors soyez astucieu·ses !
3/
Proposer votre book
Pour
contacter un·e modèle mieux vaut lui donner une idée de ce que
vous savez faire. Comme je le disais dans cet article, le book
est un bon moyen de se projeter pour imaginer un rendu des photos.
Surtout, c'est un excellent indicateur servant à repérer les
faux-tographes (a.k.a les pervers) en s'assurant par exemple si les
images présentées n'ont pas été volées sur le site d'un·e autre
photographe - via la recherche inversée de Google.
Oké José, mais si je commence comment je fais pour avoir
un, de book ?
Et
c'est LÀ que vos potos entrent en jeu. Vous avez aidé un·e ami·e
à déménager et il/elle ne sait pas comment vous rendre la
pareille ? PAR-FAIT, il/elle va pouvoir poser pour vous !
En plus, ça lui fera de jolis portraits gratuits. Pour autant, quand
vous contacterez la personne que vous souhaitez prendre en photo,
soyez honnête et précisez que vous commencez tout juste. De toute
façon si le/la modèle s'en rend compte tout·e seul·e sur la
séance photo, le courant risque de mal passer puisque vous lui aurez
caché une information assez capitale et ça, on valide pas du tout.
4/
Établir ses conditions
Que
vous soyez débutant·e et amateur·ice ou expert·e et
professionnel·le, vous ne pouvez pas passer à côté des
conditions. Si la collaboration est basée sur un échange de
procédés, il ne faut pas s'oublier et oublier le respect du travail
de chacun·e des intervenant·es. Poser ses conditions en amont de la
séance photo, c'est aussi s'assurer que l'on a la même vision des
choses et de s'éviter de (très) mauvaises surprises.
Pour
vous donner une idée de ce que j'entends par là, je vais vous citer
mes conditions de collaboration en vous expliquant la raison d'être
de chacune :
- Je ne rends que 7 photos
Rendre
trop de photos, c'est à la fois trop de travail pour vous et aussi
une dévalorisation du travail de photographe en général, même si
beaucoup ne pensent pas à mal en rendant 60 photos d'une séance en
extérieur. Ça demande énormément d'investissement à la retouche
pour chacune de ces photos, pour le tri et surtout le jour où vous
voudrez vous professionnaliser et/ou que vous rendrez moins de photo,
on risque de vous le reprocher alors que vous aurez simplement
compris qu'il n'est pas possible d'assumer une telle charge de
travail. Pourquoi 7 ? Tout simplement parce que c'est un chiffre
avec lequel je suis à l'aise, je pourrai en rendre un peu plus comme
un peu moins, c'est seulement mon ressenti qui m'a permis de fixer le
curseur à 7. C'est un chiffre très personnel et c'est donc à vous
de le définir, en gardant en tête ce que je viens de vous dire.
- Les photos sont choisies par moi et moi seulement
En
commande, le/la client·e doit pouvoir avoir l'opportunité de
choisir lui/elle-même les photos qui seront retouchées et rendues.
Gardons à l'esprit qu'il s'agit ici d'une collaboration. Le/la
modèle n'est pas à votre service et leur laisser le choix total des
photos publiées revient à leur laisser croire que vous êtes à
leur service. Or comme je le dis ici, personne n'est rémunéré et
surtout pas vous. Bien entendu vous pouvez les modèles vous dire
quelles photos ils/elles ne veulent surtout pas voir publiées car
c'est important de pouvoir contrôler son image surtout sur le net.
Il faut qu'ils/elles puissent consentir à ce résultat. Mais gardez
à l'esprit que vous êtes le/la photographe et que c'est vous qui
savez faire la différence entre les clichés de qualité et les
autres.
En
vérité, ce point me chagrine énormément car j'avais jusqu'il y a
très peu de temps laissé le choix à mes modèles qu'elles étaient
leurs photos préférées. Sauf que ça a donné lieu à trop d'abus,
sans respect aucun pour mon travail et j'ai donc été obligée de
recadrer les choses pour ne plus me laisser marcher sur les pieds.
- Vous recevez le set sous 2 semaines
Je
donne une indication de temps assez larges par rapport à mes
capacités pour éviter qu'on vienne me souler toutes les 2 minutes
pour savoir quand est-ce que sera le rendu des photos. Donner un
délai assez large permet non seulement de vous laisser du temps pour
faire les choses correctement mais surtout pour donner aux modèles
une idée de la date de rendu. Comme ça, tout le monde est content
(même si ça n'empêche pas certain·es de venir vous harceler par
mp... Génial).
- Je garde le contrôle de la direction artistique
C'est
une collaboration, pas une commande et quand il s'agit de mon projet
je tiens à garder la main dessus. Rien n'empêche évidemment de
laisser les modèles vous proposer des idées, mais pensez à leur
dire qu'ils/elles ne doivent pas se sentir offusqués si vous ne
retenez pas leurs propositions.
- Les crédits doivent toujours apparaître dans la description de la photo
Condition
tellement non négociable et élémentaire qu'il s'agit en réalité
d'une simple question de respect. Non, le simple tag n'est pas
suffisant parce que figurez vous que la plupart des gens ne pensent
pas à aller voir les comptes taggués directement sur la photo (par
exemple sur Instagram le nombre de gens qui demandent aux
influenceur·euses d'où vient tel ou tel vêtement alors
qu'ils/elles ont passé un certain temps à tagguer toutes les
marques présentes sur la photo).
- Pas de retouche sur ce que j'ai fait (ni de filtre insta)
Pour
des raisons évidentes de gens qui retouchent comme des phoques.
5/
Communiquer correctement avec son modèle
Vous
allez faire de la photo de portrait et que vous le vouliez ou non
vous allez pour cela devoir interagir avec un autre humain. La
communication, je ne le dirai jamais assez, c'est la base de tout et
dans tous les domaines réclamant une interaction sociale, même
infime. Quand je dis que vous devez correctement communiquer avec
votre modèle, ce n'est pas seulement pendant la séance photo. Non.
Avant, pendant et après.
Ça
passe par une prise de contact claire et précise en indiquant le
type de projet que vous souhaitez mettre en place ainsi que toutes
ses modalités (stylisme, coiffure, maquillage...etc). Même si votre
idée est de faire quelque chose au feeling, assurez vous d'être
d'accord sur les clichés de base, grosso modo (séance photo
habillée, lingerie, nu...etc) histoire d'avoir une vague idée de ce
qui vous attend et vous éviter encore une fois des surprises.
Au-delà de ça et pendant la séance, la communication passe aussi
par le fait de dire au modèle quand vous êtes satisfait·e d'une
photo, d'une pose mais aussi et surtout de lui demander de remettre
quelque chose en place que ce soit un cheveu ou un morceau de tissu.
Ne.
touchez. Jamais. Un·e. Modèle. Sans. Permission
C'est
crucial.
6/
Mettre à l'aise son modèle
En
plus de bien communiquer avec vos modèles, il faut également faire
en sorte de les mettre à l'aise. Que ce soit en prenant un thé et
des gâteaux avant la séance, mettre de la musique (si possible des
années 2000, les vrai·es savent), penser à un endroit safe pour
qu'il/elle puisse se changer convenablement, ça ne fera que mettre
en confiance le/la modèle et rendra l'expérience d'autant plus
agréable et pour tout le monde.
Je
vous conseille cet excellent article de ma copine Misery qui a fait
un dossier sur l'art de mettre son modèle à l'aise
7/
Tester sans relâche et apprendre continuellement
Ne
vous imposez pas de limite dans la technique et les tests, mettez
vous toujours au défi pour sortir de votre zone de confort. Il faut
tâtonner pour pouvoir progresser lorsqu'on ne fait pas d'école de
photo. Regardez des photos, inspirez-vous en (sans plagier), mettez
vous des contraintes, regardez des vidéos de traitement, économisez
et participez à des workshops qui valent le coup pour progresser en
technique, bref : abreuvez-vous de savoir pour faire toujours au
mieux.
qui déboîte pas mal pour apprendre la technique
Un site où les photographes partagent leurs photos avec leurs
réglages et le placement de leurs lumières (faites gaffe, y a vraiment de tout là dedans, donc sélectionnez
soigneusement les clichés qui vous intéressent)
8/
Respecter ses envies
Je
termine donc par un conseil qui me paraît encore plus essentiel: en Photo comme dans tout domaine artistique, le syndrome de la page
blanche existe et est bien présent. Écoutez vous et ménagez vous,
si vous avez besoin d'une pause pour vous consacrer à autre chose ou
à vous même faites le, sans culpabiliser.
Il m'est arrivé
plusieurs fois de faire des pauses quelques mois soit pour me
ressourcer soit pour me consacrer à d'autres projets. Et je pense
que si je n'avais pas ralenti les choses, je n'aurais pas eu
l'énergie de continuer aussi frénétiquement avec la même
motivation et la même joie qui m'anime.
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